Chien de garde contre le découragement

Le Soleil | Publié le 04 février 2012 à 05h00 | Mis à jour le 04 février 2012 à 05h00

Par Louis Tanguay

Québec) Il ne faut pas se faire d’illusion. Ce n’est pas facile de persévérer dans l’épargne en vue de la retraite.

L’argent est rare et les incitations à consommer nous poussent davantage vers l’endettement que vers l’accumulation de réserves financières.

Surtout que les taux d’intérêt sur les placements sécuritaires sont minimes et risquent de le rester encore longtemps.

À défaut de «récompense», on risque de céder au découragement au lieu de s’enthousiasmer pour la construction d’un portefeuille capable de combler les besoins d’un train de vie maintenu à la retraite.

Force est de constater qu’on peut difficilement espérer un rendement suffisant sans placer une partie de ses avoirs dans les marchés boursiers.

Mais ceux-ci font peur à bien des gens, surtout depuis 2008 et, pour atténuer les effets de la volatilité, les frileux se voient offrir des placements dans des sociétés identifiées au versement à leurs actionnaires d’un dividende soutenu, voire croissant.

Les institutions financières offrent toute une panoplie de fonds communs de placement et de fonds indiciels négociés en Bourse axés sur le dividende des sociétés choisies.

Mais on peut s’étonner de ne pas trouver, du côté canadien du moins, de calque d’une stratégie développée aux États-Unis au début des années 1990.

C’est Sylvain Langlais, conseiller en placement chez Industrielle Alliance Valeurs mobilières à Québec, qui a attiré récemment l’attention de quelques médias sur ce qu’on appelle les «Dogs of the Dow».

Avec un «D» pour défensif et dividende, cette stratégie négligée au temps de la bulle des technologies de 2000 redevient, selon le spécialiste, plus pertinente dans un contexte de forte incertitude et de quasi-parité entre les devises canadienne et américaine.

Pendant 10 ans, le marché boursier torontois a dominé le tableau canadien en maintenant une performance supérieure à celle du marché américain. Mais pas en 2011. Et plusieurs experts parlent d’un renversement de tendance.

D’où l’attrait accru pour des titres américains. Mais il n’est pas facile de sélectionner les meilleurs.

En se basant sur les informations disponibles aux États-Unis, M. Langlais a développé un site Internet en français, www.dogsofthedow.ca/fr/ pour expliquer les principes relativement simples des «Dogs». S’en inspirer pourrait aider un investisseur disposant d’un horizon de placement d’au moins cinq ans.

À partir de la liste des 30 valeurs industrielles qui composent l’indice Dow Jones, il s’agit d’identifier les 10 sociétés qui offrent le plus haut taux de dividende à une date donnée.

Le montant à investir dans le marché américain doit se répartir également entre les 10 sociétés à détenir ainsi pour une période de 12 mois.

Sur le site Web, on trouve pour cet échantillon un dividende moyen de 4,03 %. Pour l’année 2011, la sélection de titres en fonction de ces critères a fourni un rendement incluant le dividende de 15,9 %, comparativement à 7,9 % pour l’ensemble de l’indice Dow Jones.

Les sociétés versant des dividendes élevés ont la réputation d’avoir une bonne gouvernance d’entreprise et de générer des flux de revenus prévisibles et fiables. De plus, elles sont historiquement moins touchées que la moyenne, en période de marchés baissiers.

La sélection actuelle offre une diversification dans sept secteurs boursiers et M. Langlois attribue aux activités internationales de chacun de ces gros noms une valeur de diversification géographique.

Une variante du «Dogs 10» consiste à isoler parmi les 10 championnes du dividende les cinq actions qui coûtent le moins cher. Cette option comporte plus de volatilité et évidemment moins de diversification.

Il serait possible, selon M. Langlais, de bâtir un modèle semblable au Canada, à partir des titres qui composent l’indice S&P-TSX 60 composé des sociétés canadiennes ayant la plus forte capitalisation.

L’échantillon d’origine serait cependant moins diversifié sur les plans sectoriel et géographique.

Les chiens et les dividendes seraient-ils les meilleurs amis de l’investisseur qui espère un rendement supérieur à celui des obligations, sans s’exposer à une trop forte volatilité?

Un bon chien de berger ne peut éviter que certains gains s’écartent du troupeau, mais il peut réduire le risque que la moindre frousse des marchés fasse sauter tous ses moutons en bas d’une falaise.

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